Yoshimi Futamura revient à la Patinoire Royale-Galerie Valérie Bach qui y avait déjà présentée et qui réaffirme ici sa naturelle propension à traduire la vie tellurique des profondeurs de la terre, cette terre qu’elle traite avec une grande finesse pour exprimer, en creux, une violence.
Violence de l’éclatement de l’argile sous la chaleur, que traduit l’engobe craquelé du lait blanc de porcelaine laissant apparaître, dans un contraste saisissant, le noir de l’argile sous-jacent, violence des déformations et des affaissements subis, sous l’effet de la chaleur, par les formes régulières initiales, violence enfin du résultat formel, proche des calcinations ou des dégradations organiques, sortes de champignons, d’écorces, de putréfactions nobles, qui confèrent à ces œuvres une charge dramatique forte.
De cette esthétique de la transformation se dégage une grande vérité, une forme de questionnement du temps et de son effet sur la matière, ici figée dans une phase de sa disparition, magnifiant le vide, l’absence, le creux, au cœur du vivant en mutation.
La présence d’une œuvre nouvelle faite de carreaux de céramique plats et quadrangulaires attire l’attention, en ce qu’elle entre ici en contrepoint total avec le reste de son travail. Ce grand plateau qui peut être soit mural ou présenté au sol semble être le résultat d’une compression radicale de ce que nous voyons par ailleurs, chaque élément de céramique semblant être la résultante, en deux dimensions, d’une vision planifiée de l’univers formel de la céramiste.
Fruits mûrs, esthétique du pourrissement, dépouilles mortelles, ces formes sont autant de témoins vivants d’une puissance à l’œuvre dans la nature qui donne à se re-former dans nos mémoires, au départ de ces substrats, ce qui subsiste, une fois l’état de puissance dépassée, lorsque ne reste qu’une trace, une mémoire, une incommensurable absence.